harcèlement sexuel :désormais la loi vous protège

Que dit la loi ?

La loi du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel donne une définition plus précise mais également plus large du délit de harcèlement sexuel. Elle aggrave les peines maximales encourues et réprime les discriminations commises à l’encontre des victimes de harcèlement sexuel. Enfin, elle renforce la prévention du harcèlement sexuel dans le monde professionnel. L’objectif est clair : prévenir ce délit, encourager les victimes à dénoncer rapidement les faits et l’entourage à témoigner des faits de harcèlement qu’il constate et sanctionner le délit plus lourdement.

Qu’est-ce qu’un fait de harcèlement sexuel ?

La loi donne une double définition du délit de harcèlement sexuel, selon qu’il s’agit de faits répétés ou d’un acte unique assimilé au harcèlement sexuel.

Le harcèlement sexuel est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui :

  • - portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant,
  • - créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.

Est également assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d'user de toute forme de pression grave, dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, pour soi-même ou pour un tiers.

La nouvelle loi couvre ainsi toutes les situations dans lesquelles des personnes peuvent faire l’objet de ce type d’agissements. Elle sanctionne les actes de harcèlement, qu’ils soient commis par un collègue, par un cadre sportif, par un formateur, par l’agent d’une autre entreprise ou par un supérieur hiérarchique.

Avec la nouvelle la loi, la qualification de harcèlement sexuel n’est plus liée à la recherche d’un acte de nature sexuelle ; des propos ou comportements répétés à connotation sexuelle portant atteinte à la dignité de la victime ou créant pour elle une situation intimidante, hostile ou offensante peuvent désormais suffire.

De même, que cette pression soit exercée au profit de son auteur ou au profit d’un tiers, dans les deux cas, il n'est pas nécessaire qu'il y ait une relation hiérarchique entre l'auteur des faits et la victime pour que les actes puissent constituer une infraction.

Quelles sont les peines   encourues ?

  • Sanction pénale

    Le harcèlement sexuel est un délit.

    Le harcèlement sexuel et les faits assimilés au harcèlement sexuel sont punis de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. Ces peines ont été doublées par rapport à la situation antérieure.

    Des circonstances aggravantes portent les peines à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d'amende lorsque les faits sont commis :

    • - par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions ;
    • - sur une personne mineure de moins de quinze ans ;
    • - sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur ;
    • - sur une personne dont la particulière vulnérabilité ou dépendance résultant de la précarité de sa situation économique ou sociale est apparente ou connue de l’auteur ;
    • - par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice.

    Des peines complémentaires peuvent être prononcées par les juridictions.

  • Sanction disciplinaire

    Tout salarié du secteur privé ayant commis des agissements de harcèlement sexuel est passible de sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu'au licenciement.

    Tout salarié du secteur public est également passible de sanctions pour ces mêmes agissements.

  • Indemnisation de la victime

    L'auteur de harcèlement sexuel peut devoir verser à sa victime des dommages-intérêts, en réparation du préjudice causé.

Quelles sanctions pour les discriminations faisant suite à du harcèlement sexuel ?

L’une des nouveautés de la loi du 6 août 2012, est de sanctionner les discriminations résultant des faits de harcèlement sexuel, qu’elles aient ou non lieu dans le cadre des relations de travail.

Sont par exemple sanctionnés par la loi :

  • - le refus de fourniture d’un bien ou d’un service, comme par exemple la location d’un logement ou l’entrée dans un lieu public (discothèque, etc..) ;
  • - le refus d’embauche, la sanction ou le licenciement d’une personne.

Dans le cadre des relations de travail, est posé le principe de l’interdiction et de la sanction des discriminations faites à l’encontre de salariés victimes ou témoins de harcèlement sexuel, mais aussi à l’ensemble des personnes en formation ou en stage dans l’entreprise.

Quelle prévention du harcèlement sexuel dans l’entreprise ?

La loi du 6 août 2012 intègre la prise en compte des risques liés au harcèlement sexuel et impose à l’employeur d’afficher le texte de loi réprimant le harcèlement sexuel dans les lieux de travail, ainsi que dans les locaux ou à la porte des locaux où se fait l’embauche.

Au-delà, dans le cadre de sa démarche d’évaluation et de prévention des risques, l’employeur peut prendre toute mesure de diffusion, présentation, sensibilisation visant à l’information effective des travailleurs sur la législation en vigueur en matière de harcèlement sexuel.

Il peut également mettre en œuvre des actions de formation visant à améliorer la connaissance, la prévention et l’identification des phénomènes de harcèlement.

Les sites ministériels :

Comment agir ?

Le harcèlement sexuel est une violence. C’est un délit puni par la loi. Il peut se produire sur le lieu de travail mais aussi dans d’autres milieux (associatif, sportif, universitaire, dans le cadre de démarches pour louer un appartement, etc.) Il est fondé sur des rapports de domination, d’intimidation qui sont incompatibles avec une société que nous voulons fondée sur le respect de l’autre, l’égalité entre les femmes et les hommes. Il ne faut en minimiser ni les signes ni les souffrances et conséquences pour les personnes qui en sont victimes.Parce que cette violence est intolérable, l’Etat s’engage dans la prévention et la lutte résolue contre le harcèlement sexuel.

Deux numéros de téléphone à votre disposition

Etre écouté, être aidé 08 842 846 37

Un numéro à toutes les victimes de violences quel que soit le préjudice subi.

Victimes ou témoins de harcèlement peuvent contacter le 08 Victimes 7 jour/7 de 9h à 21 h. Ce numéro est non surtaxé.

Violences Femmes Infos - Appelez le 3919

Un numéro dédié aux femmes victimes de violences.

Femmes victimes de violences ou témoins peuvent contacter le 39 19 du lundi au samedi de 8h à 22h. Ce numéro est gratuit depuis un poste fixe. Il est invisible sur les factures.

  • Quelles sont les obligations de l’employeur en matière de prévention du harcèlement sexuel ?

    Quelle que soit la taille de l’entreprise, l’employeur doit protéger la santé de ses salariés en vertu de ses obligations de prévention et de sécurité. Il doit ainsi prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les agissements de harcèlement sexuel.

    Le règlement intérieur n'étant obligatoire que dans les entreprises de plus de 20 salariés, l'employeur peut donc utiliser d'autres moyens : notes de service, mails, courriers ou affichage sur des panneaux dans l'entreprise.

    Les textes relatifs au harcèlement sexuel doivent être obligatoirement affichés dans les lieux de travail et également dans les locaux où se fait l'embauche.

  • Qui contacter en cas de harcèlement dans l’entreprise ?

    Que vous soyez victime ou témoin, vous pouvez alerter le chef d’entreprise ou le chef de service mais aussi solliciter les institutions représentatives du personnel :

    • - les délégués du personnel - dans les entreprises de + de 10 salariés ;
    • - les délégués syndicaux - dans les entreprises de + de 50 salariés ;
    • - le comité d'entreprise -CE- dans les entreprises de + de 50 salariés ;
    • - le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (le CHSCT) - dans les entreprises de + de 50 salariés.
    • Enfin, si vous êtes victime de harcèlement sexuel vous pouvez également en parler avec le médecin du travail et/ou l’inspecteur du travail.
  • A qui signaler les faits à l’extérieur de l’entreprise ?

    Vous pouvez vous adresser à une Maison de Justice et du Droit (MJD) ou à une antenne de justice. Des informations et des consultations juridiques y sont données par des professionnels du droit et par les associations. Pour connaître leur adresse, renseignez-vous auprès du tribunal le plus proche de votre domicile, à la mairie ou consultez les coordonnées des lieux d'accès aux droits.

    Les associations d’aide aux victimes écoutent, informent et orientent les victimes ayant subi un préjudice corporel, matériel ou moral. Pour connaître l'association d'aide aux victimes la plus proche de votre domicile indiquez votre commune ou votre code postal.

    Vous pouvez également saisir le Défenseur des droits par voie électronique, par un courrier motivé ou en vous adressant aux délégués du Défenseur des droits présents près de chez vous (préfecture, sous-préfecture, maisons de justice et du droit).

    Pour mieux faire respecter vos droits : « Télécharger la brochure sur le harcèlement sexuel » et « Télécharger la brochure sur le harcèlement moral »

  • Comment établir la preuve d'une situation de harcèlement ?

    Plus les faits de harcèlement durent longtemps sans être dénoncés, plus le préjudice est difficile à établir. L’objectif est donc de pouvoir établir la preuve d’une situation de harcèlement le plus rapidement possible :

    • - devant le Tribunal correctionnel (pénal), la preuve est libre et s'établit par un faisceau d'indices concordants ;
    • - devant les juridictions civiles, notamment le Conseil de prud'hommes, la preuve est aménagée : la victime établit des "faits qui laissent présumer l'existence du harcèlement sexuel", à charge pour la partie adverse (une personne ou une entreprise) de prouver que ces faits ne sont pas constitutifs d'un harcèlement ou qu'ils sont justifiés par des motifs étrangers à tout harcèlement. A défaut, la personne/l'entreprise sera condamnée.

    Que ce soit pour une procédure pénale ou une procédure civile, la victime doit conserver et produire les faits qui laissent présumer le harcèlement sexuel (liste non exhaustive) :

    • - Les échanges de mails, sms, mots manuscrits ;
    • - Les échanges de lettres avec l'employeur ;
    • - Les certificats médicaux (y compris médecine du travail) et arrêts de travail ;
    • - La trace de refus de promotion, primes, formations etc. ;
    • - La copie des mains-courantes ;
    • - Magazines pornographiques, par exemple, déposés sur le bureau ;
    • - Attestations, le cas échéant, de témoins ;
    • - Attestations de toutes personnes ayant reçu des confidences circonstanciées : inspection du travail, collègues, parents et amis, syndicalistes ;
    • - Les noms d'anciens salariés dont elle a pu entendre dire qu'ils avaient quitté l'entreprise à cause de harcèlement sexuel.

    A savoir :

    • - devant le Conseil de prud'hommes, le fait d'avoir officiellement dénoncé par écrit protège le/la salarié(e), puisque selon les termes du Code du travail, il est interdit de sanctionner de quelle que manière que ce soit un(e) salarié(e) ayant dénoncé du harcèlement sexuel (sauf à prouver sa mauvaise foi). Les démarches verbales doivent donc toujours se doubler de lettres envoyées en recommandé AR ;
    • - au pénal, la preuve est dite "libre" : cela signifie qu'elle peut être rapportée par tout moyen, y compris par des enregistrements effectués à l'insu de la personne enregistrée.
  • Comment dénoncer les faits ?

    La victime de harcèlement sexuel peut décider de porter plainte : qu’elle le fasse le plus tôt possible est plus efficace pour rassembler les éléments de preuve. Néanmoins, le délai légal est de trois ans pour des faits de harcèlement sexuel. La victime doit s’adresser au commissariat de police le plus proche, à la gendarmerie ou directement au procureur de la République. Si la plainte est classée sans suite, la victime peut déposer une plainte avec constitution de partie civile.

  • Que faire si vous êtes témoin de harcèlement sexuel ?

    Vous êtes légalement protégé par le Code du travail, selon lequel « aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire (...) »

    Vous pouvez alerter vos collègues, votre supérieure hiérarchique, la direction des ressources humaines, le/la chef(fe) d'entreprise, le/la représentant(e) syndical(e) ou le médecin du travail, sans autre formalité.

    Vous pouvez bien sûr proposer votre témoignage à la victime.

  • Quelles associations peuvent vous aider ?

    Témoins ou victimes de harcèlement sexuel, vous pouvez contacter une association spécialisée qui vous apportera écoute et conseil et vous guidera dans vos démarches.

    Trouver et contacter une association d’aide aux victimes sur : http://www.inavem.org/

    Pour trouver et contacter une association spécialisée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, retrouvez l’annuaire des associations en charge des violences.

Outils de prévention

Vous pouvez agir au sein de votre entreprise en rappelant à vos collègues de travail que le harcèlement sexuel est puni par la loi. Pour cela, il vous suffit de choisir l’un ou l’autre des messages proposés ci-contre et de l’afficher.