Appel à contributions
Date limite : 10 février 2014
Ces trente dernières années, le travail a profondément changé et, avec lui, ses effets sur la santé des salariés ; surtout si la santé est entendue dans sa définition désormais largement partagée de l’OMS, à savoir « un état de complet bien-être physique, mental et social ». Parmi les risques pour la santé, les derniers recensés mettent en jeu la santé mentale des travailleurs, le travail, l’identité et la santé mentale entretenant des rapports très étroits connus sous le nom de « centralité du travail pour la santé ».
Les causes et contexte des méfaits pour la santé de l’environnement et de l’organisation du travail ont été mis en lumière et largement dénoncés : l’intensification du travail accroît la charge mentale ; la flexibilité, la polyvalence non qualifiante et la non-reconnaissance de la qualification entretiennent la peur du déclassement, la déstabilisation et la fragmentation des collectifs ; l’individualisation de la relation d’emploi exacerbe les concurrences interindividuelles ; les nouveaux modes d’organisation et des process (juste à temps…) bouleversent les rapports au temps et à l’espace.
Le contexte économique difficile de ces dernières années a accéléré les processus de restructuration dans les entreprises et le rythme des changements organisationnels a accru la pression de la charge de travail sur les salariés, ainsi que leur difficulté à se projeter dans un avenir devenu à la fois incertain et risqué. Durant la période récente, l’accroissement des rythmes de travail, la prise en compte des problématiques de santé, le développement de pathologies de toutes sortes liées au travail (TMS, burn-out, suicides professionnels…) ont réintroduit, au centre des relations professionnelles, les interrogations sur le travail.
Le registre de la santé au travail est donc plus que jamais d’actualité. Les enjeux sont d’importance car le bien-être physique et psychique des salariés est à la fois une condition déterminante à moyen et long terme de l’efficacité des entreprises et un puissant facteur de la cohésion sociale.
Pourtant, à ce jour, les effets des changements organisationnels sur la santé au travail sont encore mal connus, peu souvent abordés et rarement anticipés. Certes, le fait que l’organisation du travail, les restructurations, les changements organisationnels pèsent sur la santé et la qualité de vie des travailleurs, notamment précaires, n’est plus à démontrer. Mais les moyens mis en œuvre pour en limiter les conséquences se heurtent trop souvent à une forme d’indifférence renforcée par une forme de méconnaissance. Pour tenter de combler cette lacune, la revue « Chroniques du Travail » propose donc d’alimenter le débat en regroupant des contributions originales au sein du numéro 4 qui paraîtra à l’automne 2014. Les contributions attendues peuvent émaner de toutes les disciplines des Sciences Sociales et Humaines. Abordant l’une ou l’autre des dimensions de l’impact sur la santé au travail des formes d’organisation du travail et des modes de gestion des ressources humaines. Sont donc attendues des contributions qui traiteraient de la manière dont ces questions sont prises en compte par et pour les acteurs du monde du travail aux prises avec une crise, sinon une mutation, de la relation à l’emploi et au travail. Parce que les restructurations constituent un temps de rencontre, de tensions ou de conflits entre l’organisation du travail, telle que décidée par l’employeur, et la santé ou la sécurité des travailleurs, elles pourront être le cadre privilégié de l’analyse. Plus généralement, on interrogera, par exemple, la manière dont les questions de santé sont ou non prises en considération dans la conduite des changements et dans leur évaluation. Enfin, si la question de la santé au travail concerne toutes les catégories, elle concerne plus spécialement les travailleurs les plus fragiles, les plus éloignés de ce qu’il était convenu d’appeler le « marché interne » des grandes entreprises. Dans le contexte du recul de l’âge de la retraite, et donc de vieillissement de la population active, des contributions pourront s’intéresser aux liens existant entre l’organisation du travail et la santé des seniors. A l’opposé de la pyramide des âges, les jeunes en phase d’insertion, les moins diplômés, ou les « sans-diplôme », constituent une population fragilisée soumise à des risques accrus pour la santé. Des contributions pourront donc s’intéresser spécifiquement à cette population dont les parcours de plus en plus chaotiques d’accès à un emploi pérenne forgent un rapport à la santé inédit et qui représente un défi pour les organisations patronales et syndicales.
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