Novembre 2003
ISSN : 1280-1496
Télécharger la Lettre RDJ n°16
SOMMAIRE
Regards > État de droit et urbanisme
Histoires des juges de paix
Thèses > La loyauté en droit processuel
Droit, science et vérité
Équipe de recherche > Droit et changement social
Dossier > Les enlèvements transfrontaliers d’enfants
Point de vue > Le droit de se taire
Notes de lecture
Recherches
Actualité
Éditorial > Une rencontre
Yann AGUILA
Maître des requêtes au Conseil d’État
Directeur de la Mission
Recherche et justice : deux termes qu’il nous faut réunir, deux univers que le groupement d’intérêt public a pour vocation de rapprocher. Cette rencontre ne va pas de soi. Les professionnels du droit, absorbés par le quotidien, ne s’intéressent pas spontanément à la recherche. Ils courent après le temps pour s’informer de l’évolution des textes et de la jurisprudence. Où trouveraient-ils celui de se préoccuper des progrès de la recherche juridique fondamentale ? Les chercheurs, de leur côté, peuvent craindre qu’en assignant une finalité pratique à leurs recherches, l’on encadre trop leur liberté de réflexion théorique. Fort légitimement, ils ne souhaitent pas voir réduire le champ de leur recherche. Pourtant cette rencontre est nécessaire. D’abord parce que l’action doit être précédée par la pensée. Tout particulièrement dans le domaine du droit et de la justice. Quoi de plus néfaste – les juristes le savent trop bien – qu’une loi précipitée, qu’une réforme mal préparée ? Puisque « les lois sont faites pour les hommes et non les hommes pour les loi », prenons le temps de connaître les hommes, afin de mieux confectionner les lois. De ce point de vue, la recherche est un investissement pour demain. Elle nous donne des clés pour décrypter le présent et mieux préparer l’avenir. Ensuite, parce que la pensée doit se nourrir de l’action. C’est lorsqu’elle plonge ses racines dans l’expérience, dans l’analyse du réel, que la réflexion théorique s’élève au plus haut niveau. Les plus grands esprits ont souvent puisé la source de leur inspiration dans l’observation de la pratique. Portalis, l’un des maîtres du droit français, ne fut-il pas aussi avocat, juge et législateur ? Kelsen, dont la théorie générale éclaire la pensée juridique du XXe siècle, n’était-il pas également président de la cour constitutionnelle autrichienne ? C’est cet enrichissement mutuel, de l’action par la pensée, et de la pensée par l’action, que le groupement d’intérêt public a pour but de favoriser. Recherche et justice, pensée et action : voilà les fils qu’il convient de tisser ensemble, inlassablement.