Colloque
Date : 15 avril 2014 - 16 avril 2014
Les religions, et particulièrement le christianisme, sont généralement considérées comme un élément de stabilité, une force conservatrice voire réactionnaire. Il n’est que de se reporter au reproche souvent fait à l’Église d’Angleterre de n’être que « le parti conservateur en prière » (« The tory party at prayer »). En France, le rapprochement fréquent entre vote à droite et pratique religieuse chrétienne va dans le même sens. Cette vision d’un christianisme conservateur paraît trouver sa source dans la Bible, et plus particulièrement dans l’Épître aux Romains (13, 2). Toutefois, dès le IIIe siècle, les chrétiens offrirent à leurs contemporains un exemple frappant de ce que l’on n’appelait pas encore la désobéissance civile en refusant de vénérer les dieux païens et l’empereur.
La question simpliste de savoir si les religions en général sont intrinsèquement contestatrices ou conservatrices passerait à côté de ce qui fait justement l’intérêt du thème choisi : toute religion est potentiellement l’un et l’autre. Ainsi, Napoléon Bonaparte remarquait en 1801 : « Je ne vois pas dans la religion le mystère de l’Incarnation mais le mystère de l’ordre social : elle rattache au Ciel une idée d’égalité qui empêche que le riche soit massacré par le pauvre ». En 1843, dans sa Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, Karl Marx faisait le même diagnostic, mais, lui, pour s’en désoler. A l’inverse, d’autres ont trouvé dans la religion un aiguillon pour changer le monde : ainsi de Frédéric Ozanam qui, au moment des révolutions de 1848, appelait les catholiques à « passer du côté des barbares, c’est-à-dire du camp des rois, des hommes d’État de 1815, pour aller au peuple. » Plus près de nous, l’encyclique Centesimus Annus de Jean-Paul II appelait en 1991 à « change[r] les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourd’hui les sociétés » afin de « faire entrer dans le cycle du développement économique et humain des peuples entiers qui en sont exclus ou marginalisés ».
Ce colloque se penchera donc sur l’attitude des religions ou de telle ou telle d’entre elles face à la contestation, et se demandera dans quelle mesure elles peuvent elles-mêmes être force contestatrice. Poser la question du lien entre Religion et contestation impose en effet de distinguer plusieurs types de contestation, selon que l’on parle d’une contestation, par exemple politique, motivée par les principes religieux ou d’une contestation de ceux-ci. La religion serait-elle une force de contestation extérieure, mais, confrontée à la contestation intérieure, une force conservatrice ?
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