Parcours et accompagnement de mères victimes de violences conjugales : une étude exploratoire dans le champ de la protection de l’enfance
Mise à jour juillet 2019
DERIVOIS Daniel
Centre de Recherche en Psychologie et Psychopathologie clinique (Université de Lyon 2)
Recherche débutée en 2013 - Achevée en 2015
Référence : 13-32
Type de projet : Appel à projets
Programme : Violences conjugales
Présentation de la recherche
Résumé (septembre 2015)Cette recherche exploratoire a porté sur les parcours et l’accompagnement de mères victimes
de violences conjugales à partir d’une pratique clinique dans le champ de la Protection de
l’Enfance. Elle a eu pour objectifs de retracer le parcours de vie de ces mères, identifier le
contexte d’émergence et les types de violences subies, comprendre la place qu’occupe le mari
ou le compagnon violent dans leur économie psychique, évaluer les effets des parcours de
violences conjugales, évaluer leur potentiel de résilience, les aider à retrouver leur statut
d’être humain, de femme puis de mère. Elle a été réalisée sur un échantillon de 35 mères à
l’aide d’outils quantitatifs (Inventaire d’Anxiété de Beck (IAB), Impact of Event Scale –
Revised (IES-R), Beck Depression Inventory (BDI), Social Support Questionnaire (SSQ),
Resilience Scale (RS) et qualitatifs (Entretiens individuels, Tests projectifs : Rorschach, TAT,
Accompagnement chez le coiffeur, Groupes Photolangage, et Cafés thématiques ».
Les résultats montrent un taux important de PTSD (Trouble de Stress Post-Traumatique) et de
dépression ainsi qu’un taux de résilience plutôt faible ou modéré. Chez ces mères, les
violences conjugales témoignent d’une faille narcissique en amont de la vie de couple et de la
vie parentale. La est un héritage partiel de la filiation dénigrante de la
femme/mère victime de sa propre mère. Le mari (ou compagnon) violent apparaît comme un
support de réactivation de cette faille. Il représente à la fois un objet défaillant à réparer et
l’objet utilisé pour réparer (en miroir) la faille narcissique de la mère. Quant à l’enfant, il se
présente comme une source de renarcissisation des femmes/mères. Il représente à la fois
l’objet à protéger et l’objet utilisé pour se protéger et se réparer. Par-delà leurs fonctions
propres, le mari (ou le compagnon) violent et l’enfant ont des fonctions psychiques
communes pour la femme-mère : la femme/mère est dans une position sacrificielle face à
l’enfant et le mari (compagnon) violent. L’enfant et le compagnon violent donnent à la
femme/mère le sentiment d’être utile et d’exister. Face à l’enfant et au compagnon violent, la
femme/mère renonce à son identité pour lutter contre l’anéantissement. L’institution a alors
une fonction de dépôt de la complexité traumatique et de tiercéisation de la relation violente,
susceptible d’amener mère, enfant et père à l’élaboration de l’héritage traumatique et les
inscrire dans des dynamiques relationnelles plus sereines. Cette tiercéisation opère notamment
à partir des outils et des postures professionnelles mis en place dans l’institution pour
accueillir et accompagner ces mères dans leurs trajectoires de vie mais aussi dans leur
processus de réappropriation de leur statut d’être humain, de femme et de mère.
Mots-clés:
Violences conjugales ; protection de l'enfant ; mères victimes ; étude exploratoire ; vie de couple ; femme-mère.
Note de synthèse : Télécharger la note de synthèse
Rapport de recherche : Télécharger le rapport de recherche