Georges BENGUIGUI, Fabrice GUILBAUD, Guillaume MALOCHET
Éditions Champ social, Nîmes, 2011
« La prison, encore et toujours ? » demandait Michelle Perrot en 2004. La loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 était censée poser les jalons de la modernisation tant attendue des conditions de détention. Et pourtant … La France essuie toujours de sévères critiques sur l’état de délabrement de ses prisons. Le niveau élevé des suicides en détention se maintient. Les condamnations de personnes souffrant de pathologies psychiatriques avérées ne fléchissent pas. La construction de nouvelles prisons se poursuit, les peines s’allongent et continuent de punir les plus pauvres. Le credo des promoteurs de ce système tient en une phrase : « Il faut protéger la société contre les dangers représentés par certains de ses éléments ». Et pourtant …Par-delà ses réformes successives, la prison ne change pas : c’est une cocotte-minute, travaillées de l’intérieur par des logiques paradoxales qui lui donnent le visage intemporel d’un lieu a-démocratique. La prison n’est ni un instrument de défense sociale, ni un outil de réhabilitation : elle est l’un et l’autre à la fois, porteuse d’une mission paradoxale, contenir et réinsérer, maintenir sous écrou et faire émerger un projet post-carcéral. Les tensions sont constitutives de l’institution carcérale : elles en forment l’armature quotidienne et le fondement politique.
- En savoir plus : Site de l’éditeur